ITW – Garder le cap sur le long terme – Lucie Colin

Publié le 04/04/2024 | Entrepreneuriat & justice sociale

Aujourd’hui je reçois Lucie Colin, graphiste eco-responsable depuis 2019.

Lucie nous ouvre les coulisses de son entreprise en toute transparence. Elle nous racontera comment l’entrepreneuriat est venu à elle un peu par hasard mais à quel point finalement, le hasard a bien fait les choses pour l’introvertie qu’elle est et comment elle a pu créer une façon de travailler qui lui ressemble.

On a aussi parlé de cette fameuse période covid qui mine de rien a changé pas mal la donne, ainsi que les périodes de creux qu’elle a traversé et surtout, comment elle y a fait face.

Parce que oui, dans l’entrepreneuriat, rien n’est jamais acquis, mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut s’y préparer !

Bonjour Lucie, bienvenue sur le podcast Entreprendre Éthique. Merci d’avoir accepté mon invitation, je suis ravie de te recevoir. On va commencer très simple. Est ce que tu peux s’il te plaît, pour les personnes qui ne te connaissent pas, te présenter en quelques mots, nous dire un peu qui tu es, ce que tu fais.

Oui, bien sûr. Merci pour l’invitation. Donc moi c’est Lucie Colin. Je suis graphiste éco responsable depuis 2019, donc ça fait quatre ans et demi si je compte bien. Je suis indépendante depuis le début, je suis spécialisée en design éco responsable, donc je travaille de sorte à limiter l’impact environnemental de la communication que je produis. Je travaille essentiellement avec des entrepreneurs et entrepreneuses qui sont engagées dans des causes, qu’elles soient sociales, écologiques, inclusives, etc. Donc voilà des projets très variés, mais on aura l’occasion d’en reparler peut être un petit peu.

Est ce que tu te souviens de la toute première fois où tu as pensé à créer ton entreprise ?

C’est drôle parce que c’est pas l’idée ne vient pas de moi à la base. Moi j’ai jamais mais jamais envisagé de me mettre en indépendante. De façon générale, je me suis jamais projetée dans la vie professionnelle parce que j’avais la sensation que ma place était nulle part. Enfin, c’était hyper bizarre. J’arrivais pas du tout à me projeter dans un poste dans le salariat parce que ça impliquait beaucoup de choses qui sont compliquées à gérer au quotidien. Pour moi qui suis très introvertie, solitaire. J’ai un trouble de l’anxiété généralisée aussi, donc c’était pas du tout un quotidien qui me correspondait et en fait juste me mettre en indépendante, ça me passait pas du tout par la tête parce que je suis donc très introvertie etpour moi, c’était pas possible d’avoir autant de responsabilités sur les épaules, d’aller démarcher des gens. En fait, tout ce que ça impliquait, c’était effrayant. Donc j’ai jamais envisagé. Et en fait c’est à la fin de mes études, donc vraiment au dernier moment, à la fin de mon master, on avait la possibilité de faire un stage post diplôme que j’ai fait donc à Lille. C’est à ce moment là où je suis arrivée à Lille et mon maître de stage déjà avant même que je commence le stage, me disait ah ça t’intéresserait pas de te mettre en freelance ? Et moi j’étais là ? Ben non, ça fait peur. Et du coup, en fait, il m’a un peu, j’allais dire bassiné avec ça, mais c’était positif. Mais il m’a… Il a planté cette graine là dans ma tête et en fait j’ai fini par le faire effectivement, mais tout simplement parce que je continuais ma mission freelance en fait suite à mon stage avec eux et que eux étant deux indépendants, ne pouvaient pas m’embaucher autrement qu’en tant que freelance presta quoi. Donc ça s’est fait comme ça mais sinon je pense… Enfin, peut être que ça aurait fini par arriver, mais je pense que je l’aurais pas fait. En tout cas, pas du tout à ce moment là.

Et tu te souviens du moment où tu t’es dit : en fait pourquoi pas ? Qu’est-ce qui a fait que ça a basculé ?

Déjà parce que c’est pas forcément très facile de trouver un poste en tant que graphiste à la sortie des études. Donc je me suis dit on me propose quelque chose. C’était hyper cool. En fait, je bossais dans un atelier de signalétique et de design d’exposition, donc je m’occupais, avec eux, bien sûr, de la signalétique de lieux publics et de lieux privés aussi. Par ailleurs, je faisais du graphisme pour des expositions, des grosses expositions. Enfin c’était hyper intéressant et ça me plaisait de ouf. Et en fait ils me proposaient de continuer avec eux. Donc je me suis dit on me sert un truc sur un plateau, tu vois, c’est trop bien. Donc en fait, je me suis pas forcément trop posé la question parce que ça me plaisait ce que j’avais fait avec eux et que j’avais envie de continuer, que c’était un environnement qui était confortable pour moi, dans lequel je me sentais bien. On s’entendait bien, donc c’est plutôt ça qui a fait que je me suis dit OK, mais au départ, je pense que j’ai pas forcément envisagé de continuer une fois que ça se serait fini avec eux. En fait, j’avais pas forcément de vision sur du long terme en me disant moi je vais faire mes trucs de mon côté etc.

Et en fait, à ce moment là, je communiquais depuis assez longtemps sur Instagram, alors pas du tout comme maintenant. Parce que déjà à l’époque, c’était très différent sur Instagram, mais je partageais beaucoup d’illustrations à l’époque et j’ai mon compte qui a beaucoup évolué avec l’illustration. A l’origine, je dessinais quasiment tous les jours à cette période là, parce qu’en fait, c’était même si c’était un travail qui me plaisait, c’est pas un milieu où créativement, tu peux te permettre beaucoup d’extravagance, j’ai envie de dire. Et moi qui adore la couleur, les textures, m’amuser et tout, graphiquement, là c’était beaucoup plus institutionnel malgré tout. Donc j’avais besoin en fait d’exprimer ma créativité et donc je le faisais dans l’illustration. Et du coup je communiquais beaucoup sur Instagram avec mes illustrations. Et c’est à ce moment là, en fait, où j’ai eu mes premières demandes de personnes qui voulaient travailler avec moi pour des identités visuelles, etc. Et en fait je me suis dit bah nickel parce que je suis déjà déclarée. Donc en fait j’ai commencé comme ça, c’est des personnes qui sont venues vers moi par le biais de mes illustrations et mes premiers projets ont été ont été fait comme ça, avec des demandes qui arrivaient au fur et à mesure. Alors je le faisais en parallèle, en fait, du travail de freelance que j’avais parce que c’était une mission à temps plein. Donc ça s’est développé petit à petit. Et en fait, au fur et à mesure, je commençais à avoir de plus en plus de demandes. Moi je voulais pas dire non. Sauf qu’en fait, au bout d’un moment je peux pas me dédoubler, mon temps n’est pas extensible comme tout le monde donc du coup je me suis dit faut que je fasse un choix.

Et du coup c’est à ce moment là qu’on a convenu d’un mi temps où pas tout à fait un mi temps, je sais plus exactement, mais admettons. J’étais peut être trois jours par semaine avec eux et j’avais deux jours pour moi travailler sur mes projets à moi. Donc au bout d’un an, on a fait cette transition là et en fait ça s’est fait vraiment au fur et à mesure.

Ok, j’ai deux questions là, tout de suite. La première, c’est au départ, quand ils te disent Tu veux pas continuer à travailler pour nous. Est ce qu’il y a une durée ? Est ce qu’ils te disent on a encore besoin de toi pendant six mois par exemple ?

Non, enfin de mémoire. Non, je pense pas parce que en fait ils m’ont dit bah voilà, on voit ce que ça donne. Donc en fait on bossait ensemble et puis ça a duré. Je crois que si. Je crois que ce dont on avait convenu, c’était de se prévenir si moi, de mon côté, je voulais stopper ou que eux de leur côté voulaient stopper, je crois qu’on devait se prévenir genre quatre mois avant ou six mois avant.

Mais en fait eux ont une visibilité relative sur leur projet et ce qu’il va y avoir en terme de charge de travail parce que c’est des projets très longs, c’est pas du tout la même temporalité que le métier que je fais aujourd’hui. Donc du coup, ils avaient quand même voilà six mois peut être de visibilité et donc on se disait au fur et à mesure, on faisait des petits points genre voilà, bon bah voilà, on continue encore pendant six mois parce qu’on a de quoi te donner en taf. Donc il y avait ce truc là, mais en même temps il y a pas forcément de date limite de prévue. Et moi je sais pas en fait, soit j’étais un peu dans le déni, soit je me disais bah c’est bon en quatre mois de toute façon, au pire je peux pas anticiper de toute façon parce que je sais pas quand est ce que ça va arriver. Donc si jamais voilà, j’aurais chercher autre chose. Je sais que j’envisageais de faire un …

Comment ça s’appelle ? Un service civique. Parce que j’étais jeune et donc je pouvais encore le faire. Et en fait, c’était un peu mon plan B. Si jamais ça s’arrêtait en fait, je me disais ben je ferai un service civique dans une asso ou quoi. Parce que voilà, j’avais envie aussi de faire ce truc là. C’est jamais arrivé du coup. Mais j’avais envisagé ce truc là au cas où.

Donc les personnes te disent peut être voilà, pour six mois, tu stressais pas trop de te dire mon dieu mais qu’est ce que je vais faire après ? Parce que tu nous as dit juste avant que tu t’y projetais pas dans le salariat et tu t’étais jamais imaginé non plus en freelance ou en indépendante, chercher des clients et tout. Est ce que du coup, à ce moment là tu commences à te dire Bah en fait peut être que ce sera ça ma carrière ?

Bah je sais assez flou hein, parce que quand même, ça fait un petit bout de temps et je commence à être une vieille personne. Mais euh, je pense que oui, ça me rassure de voir que j’ai des personnes qui viennent me chercher pour travailler avec elles. Je sais qu’il y a des plateformes qui sont en train, je crois, de se mettre en place. Je sais plus exactement si c’était vraiment installé déjà, mais tu vois, les plateformes comme Malt par exemple. Et en fait je me dis bon, au pire, je trouverai sûrement quelque chose, mais j’ai jamais envisagé, enfin je me suis jamais dit après ça va falloir que je trouve un travail en salariat. Je crois pas me l’être dit ou en tout cas je me disais pitié, je veux pas le faire parce que déjà en fait c’est super compliqué, c’est hyper bouché en terme de graphisme. Bon, j’aurais eu une petite expérience en terme de freelancing avec avec eux, mais s’il y a des postes, c’est des postes qui sont hyper compliqué à avoir parce que faut avoir trois ans d’expérience. Voilà, ceux qui sont graphistes sauront mais.

En fait ouais, je pense que le truc d’avoir des personnes qui venaient pour travailler avec moi me rassurait.

Du coup, la question que j’ai envie de te poser sur le fait que tu aies commencé à partager tes illustrations sur Instagram bien avant finalement la fin de tes études et tout ça, c’était quoi le but ? Enfin, tu faisais ça pour quoi ? Juste parce que ça t’amusait et que tu avais envie de partager ton travail. Ou derrière, il y avait quand même un truc de : Peut être que si je peux en vivre un jour, c’est cool.

En fait, pendant mes études, j’ai toujours partagé plus ou moins mon travail sur internet, dans le sens où j’avais eu des blogs, etc où je mettais… enfin c’était mon book en fait de graphiste. Donc c’était vraiment des trucs… Heureusement qu’aujourd’hui ça n’existe plus parce que je pense que j’aurais eu très honte. Et en fait, faut savoir que à deux reprises, j’ai tenté de lancer une petite boutique d’illustration Etsy etc. Et en fait, au deuxième échec, je me suis dit bon, clairement, ton truc il est pas là quoi, faut lâcher la rampe, c’est pas grave, tu as testé.

Mais du coup, enfin voilà, j’étais en étude, c’était vraiment très amateur etc. Donc je montrais en fait parce que ça me faisait kiffer de partager mes trucs sur Instagram. Je montrais aussi ce que je faisais à l’école quand j’étais en master, surtout mon projet de diplôme, la recherche que j’ai fait autour de tout ça. Il y a encore des choses aujourd’hui. Si il y en a qui ont la déter de descendre tout au fond de mon compte Instagram, vous pouvez voir à quoi ça ressemblait avant. Mais non, il n’y avait pas vraiment de but si ce n’est de pouvoir, je sais pas, partager ce que je faisais de mon côté. Tu vois, en terme d’illustration, on m’a posé énormément de fois la question de ah tu veux pas les imprimer ? C’est trop beau, J’aimerais trop en acheter. En fait, je me suis dit c’est bon, j’ai essayé deux fois de vendre des trucs, ça n’a pas marché, j’ai pas envie de retourner là dedans.

Tu vois, je faisais des fonds d’écran, des choses comme ça. Ou alors pendant le covid aussi. Pendant le confinement, je faisais des coloriages et je les partageais gratuitement dans ma newsletter. C’est là où j’avais fait ma newsletter de base. La première version de la newsletter, c’était pour partager mes coloriages, etc. Et des fonds d’écran et tout. Enfin des trucs un petit peu inédits de mes illustrations. Donc voilà. Mais non, en fait, j’avais lâché l’affaire bien avant en me disant bon, deux échecs, c’est pas la peine de te mettre face à un troisième. Et puis je voyais à quel point c’était un peu compliqué. Des personnes que je suivais aussi qui étaient dans l’illustration, donc j’avais pas le temps non plus. C’était un peu complexe, c’était pas une envie que j’avais particulièrement.

Okay. L’autre question que je me posais sur sur cette période, c’est : alors au début, t’es à 100 % avec tes anciens employeurs, là où tu as fait ton stage. Ça veut dire qu’ils te versent finalement un salaire qui te permet de vivre, t’as pas besoin de complément ?

Ouais, c’est ça en fait. On avait convenu d’un montant mensuel donc. Non d’un montant journalier. Donc du coup ça variait un minimum, mais ça variait quand même d’un mois à l’autre parce que tous les mois n’ont pas le même nombre de jours, etc. Ce qui me permettait de ne pas passer pour du salariat déguisé, parce que ça c’est quelque chose d’assez problématique et on avait peur de se faire un peu choper entre guillemets. Donc ça on faisait attention au début, mais effectivement j’avais un revenu journalier par rapport au nombre de jours où je travaillais avec eux. Et en fait quand je suis passé à mi temps pareil, c’est en fait le nombre de jours que je passais à l’atelier avec eux qui faisait mon revenu et mon chiffre d’affaires finalement mensuel, qui du coup s’est complété au fur et à mesure avec les autres petits projets que j’avais à côté.

Mais au départ, j’avais que ça et c’était suffisant. En plus, j’habitais dans un studio, je venais d’arriver à Lille. En fait, quand je suis arrivé à Lille, c’était pour quatre mois de base, c’était juste pour le stage, donc j’avais un tout petit studio et je devais partir normalement et je ne suis jamais parti comme dans Bienvenue chez les Chtis.

Et du coup, est ce que tu as attendu d’avoir assez de demandes pour te dire : en fait ça va, si je passe à mi temps, ça va être suffisant pour combler. Ou est ce que quand même tu prends un petit risque en te disant bon, je pense que si j’ai plus de temps, je vais pouvoir faire plus de projets et donc gagner plus d’argent. Comment tu gères cette transition ?

La transition, elle arrive parce que j’ai deux projets clients à moi seulement en parallèle et que je vois en fait que ça me prend énormément de temps, que je suis obligée d’y passer mes soirées, mes week ends et en fait c’est pas possible. Et c’est des personnes en local qui sont sur Lille. Et là je me dis si ça se passe bien, en fait, c’est des personnes qui sont susceptibles de me recommander. En plus, il y a une de mes premières clientes, elle a créé en fait une sorte d’agence à un moment donné où en fait, elle était un peu apporteuse d’affaires. Ça n’a pas duré très longtemps parce qu’elle est passée vite à autre chose. Mais enfin voilà, elle m’a apporté quand même un projet aussi et je me suis dit là, il me faut plus de temps parce que à l’instant T, de toute façon, j’en avais besoin et qu’en plus j’avais pas forcément beaucoup de visibilité. Donc en effet, c’était quand même une prise de risque. Mais à la fois c’était pas tout à fait un mi temps. Voilà, si je me souviens bien, c’était trois jours, deux jours, donc j’avais quand même un minimum pour vivre. Tu vois, je sais pas, je te dis n’importe quoi, mais si j’avais 900 €, ben voilà, j’avais les APL, la prime d’activité à côté, donc je pouvais joindre les deux bouts avec mon rythme de vie à moi, ça va. Et du coup en effet, j’avais pas beaucoup de visibilité donc je me suis dit on verra. Mais en fait le truc c’est que je me disais si j’ai pas de temps à mettre dans faire des projets déjà fictifs pour communiquer sur ce que je fais, un peu démarcher, réseauter… , ça va pas se développer. Et du coup, je me suis dit il faut que je prenne du temps pour communiquer, refaire mon site internet, tu vois des choses comme ça.

Donc j’avais quelques projets en cours, mais j’avais pas suffisamment de projets pour me dire ok, là c’est bon, c’est 100 % safe et j’aurai soit le même revenu, soit plus que ce que j’avais en temps plein. Et d’ailleurs ça a varié d’un mois à l’autre, mais c’est tout à fait normal. Si j’avais vu que c’était vraiment problématique, en fait, je leur aurais dit bah est ce qu’on peut repasser soit à quatre jours, soit cinq jours ? Et je pense que ça n’aurait pas posé problème. En fait, en parallèle, ils avaient pris des stagiaires à différents moments pour combler mon absence dans les périodes de rush un peu sur les concours et tout.

Mais voilà, en fait je me disais s’il y a besoin, si je vois que ça fonctionne pas, bah en fait je demanderais si on peut pas revenir à plus de taff avec eux.

Ok, donc toi tu avais quand même cette sécurité derrière qui t’as un peu poussée aussi.

Ah bah complètement. Non mais j’aurais pas eu ce revenu là de base, que ce soit à temps plein au début ou à mi temps après. Enfin, très honnêtement, je pense que je ne l’aurais jamais fait parce qu’en fait j’avais pas de chômage, j’ai jamais travaillé hors indépendante, vraiment jamais, jamais, jamais eu une fiche de salaire, j’ai jamais rien eu. Donc du coup je savais que je pouvais pas compter là dessus quoi.

Donc ça veut dire aussi que, au moment où tu demandes le mi temps, tu te dis aussi bah moi en fait, finalement j’ai envie de développer mon entreprise et mes projets à moi et pas rester juste sur la même mission avec le même employeur.

En fait de voir que c’est les personnes qui venaient d’elles mêmes, que c’était des projets qui étaient hyper intéressants… Le premier projet que j’ai fait, c’était sur une petite marque qui travaille avec des personnes en réinsertion, qui fait des créations textiles. J’ai eu un réseau féminin où il y avait en fait des talks pour partager des expériences de vie, etc. J’ai eu une boutique d’échange de vêtements aussi, donc il y avait quand même cette trame vraiment engagée que je trouvais hyper cool parce que je me suis dit bah bingo ! En fait, les gens ils viennent tout seuls, c’est trop bien. Donc je me disais finalement, c’est pas forcément à moi d’aller démarcher des chefs d’entreprise qui me font peur, d’appeler des gens, de faire des réunions dans un truc qui met pas à l’aise. Et en fait j’ai compris à ce moment là, parce que dans mon entourage, j’avais personne qui était indépendant ou indépendante, que c’était pas forcément comme ce que je pensais. Et du moment où j’ai compris qu’en fait, ça pouvait se faire dans un environnement bienveillant, avec des personnes avec qui il y a une certaine proximité… Bon, ça reste des clientes et des clients, mais en fait moi je voulais pas d’un truc trop formel. C’est un cas de figure où je me sens mal à l’aise et j’avais besoin de cette proximité. Et quand j’ai vu que c’était possible, là je me suis dit ah bah ça, ça peut me correspondre en fait.

Okay, je vois. Est ce que à ce moment là tu as trouvé, je sais pas, sur Instagram par exemple, des créateurices de contenu qui parlaient un peu d’entrepreneuriat, de marketing de contenu… Est ce que après tu t’es dit en fait je vais me renseigner quand même sur ce truc parce que ça a l’air de marcher et que je veux le développer ?

Ouais bah en fait il s’est passé un gros événement entre temps, c’est que le covid est arrivé. Moi, ma mission freelance au sein de l’atelier, ben je travaillais pour des structures publiques, des très très gros projets, euh des musées, etc… Donc voilà, des lieux qui reçoivent du public. Et en fait, à l’annonce du confinement, ma collègue m’appelle et me dit bah là, tout ferme en fait pour nous, tout ferme, tout est en pause parce que les musées ne peuvent plus recevoir, que les chantiers doivent s’arrêter, que enfin, voilà qu’on n’a aucune visibilité en fait de comment ça va se passer dans les prochains mois. Et elle me dit. Ben va falloir qu’on arrête parce que nous on a plus rien en fait qui se passe, on va pas pouvoir continuer.

Et faut savoir que moi, à ce moment là, j’étais sur un énorme projet avec le forum des sciences, sur un projet de malle pédagogique où j’avais plus de 280 cartes illustrées, des cartes de jeux, etc. Donc ça m’a pris vraiment une vie entière. J’ai passé mon confinement à faire ça et du coup, moi sur le coup, ça m’a soulagé. Je me suis dit bon ben nickel, je vais avoir beaucoup de temps à consacrer à ce projet là.

Et donc en fait, je le précise maintenant parce que ça de l’importance par rapport à ta question, mais c’est là où du coup, moi ça c’est stoppé sur ma mission freelance et où je suis passé à 100 % moi toute seule. Donc du coup, j’étais sur ce très très gros projet, avec bien sûr une très très belle rémunération.

Mais du coup, ce projet c’était du fait de ton ancien employeur ou c’était un truc que tu avais trouvé toute seule ?

C’était un truc qu’on avait fait avec une pote à moi avec qui j’étais en master, qui est venue à Lille aussi. Elle, elle est designer d’espace et en fait là, actuellement, on travaille encore ensemble sur un projet d’expo. Et en fait on avait répondu, je crois à une consultation ou un concours. Enfin, en fait, on faisait comme ça des choses de temps en temps. En parallèle aussi on participait à des concours, en fait des appels d’offres pour participer à des projets de signalétique notamment. Et là, on avait répondu à ce truc là et on avait été choisis. Et donc j’étais super contente. Et du coup, ça, pour le coup, ça n’avait rien à voir avec eux.

En revanche, auparavant, il m’avait transmis en fait un projet, une demande qu’il avait reçue pour une exposition avec le CNRS et où là, du coup, il m’avait un peu refilé le projet. C’était moi qui le gérais toute seule de mon côté. Mais en fait il m’avait recommandé auprès de la personne et cette personne là avait décidé de travailler avec moi. Donc par contre, voilà, j’ai eu ce projet là par leur intermédiaire on va dire. Mais les autres projets, c’était ouais, avec Laura, on répondait à des appels d’offres et on faisait des concours, on voyait si on été sélectionnées ou pas.

Et donc du coup, pour répondre à ta question sur tous les contenus entrepreneuriat, communication, marketing et tout, en fait, moi j’ai pas trop souvenir d’avoir connu ça avant le confinement, parce que tout simplement mon algorithme Instagram était très centré sur l’illustration. Donc en fait je me posais même pas la question, je savais même pas que ça existait. Et je sais plus par quel biais, peut être par des publicités ciblées, je pense que la première personne que j’ai découverte, c’est The Bboost. Et Tribu Indé. Et en fait j’ai poncé tous les épisodes de podcast d’Aline. Vraiment c’était un enfer parce qu’en fait je suis très monomaniaque dans la vie et là vraiment je suis tombé dans un gouffre infini de d’informations, de choses à apprendre, etc. J’ai énormément écouté de podcasts, j’ai énormément lu aussi de choses à ce niveau là. Et c’est là où j’ai découvert en fait vraiment l’entrepreneuriat en ligne, si on peut dire. Parce qu’avant, vraiment, pour moi, être freelance c’était pas du tout ça.

Ok, du coup c’est hyper intéressant parce que tu dis que tu répondais à des appels d’offres, etc. Donc ça veut dire que avant de découvrir le gouffre informationnel de l’entrepreneuriat en ligne, tu mettais quand même en place des actions pour trouver des clients. Tu te disais pas juste j’attends que les gens viennent à moi… Donc qu’est-ce que tu faisais ?

A ce moment là, avant, je partageais des illustrations, donc je voyais bien que les gens venaient parce que je communiquais là dessus, ça c’était sûr et certain. Je sais plus, à l’époque si j’avais déjà fait mon site internet. Je crois que oui. Mais en fait mon site internet, c’était juste un site vitrine de mon travail. C’était un portfolio uniquement. Et effectivement, il y avait cette histoire d’appel d’offres parce que moi je me lançais pas du tout toute seule là dedans. Parce qu’en fait, dans ma mission freelance, je voyais à quel point c’était compliqué administrativement. Même encore aujourd’hui, c’est des process que je déteste. Là je fais une expo actuellement, c’est vraiment une petite équipe, c’est un petit truc, même si c’est un gros projet en soi. Donc ça va. Mais en fait c’est pas le genre de projet que j’ai envie d’avoir systématiquement tous les jours et de faire parce que ça me saoule. Toute la partie administrative c’est hyper formel, c’est normal, c’est exclusivement du public.

Ouais, peut-être on peut préciser les appels d’offre, en fait c’est des espèces d’offre de missions qui sont lancées majoritairement par des institutions publiques….

En fait, les institutions sont obligées, je crois de faire des appels d’offres, elles ont pas le droit de choisir. Soit c’est des appels d’offres, ce sont des consultations ou elles doivent demander trois devis par exemple. Ça arrive par exemple sur des projets sur lesquels je travaille comme ça avec des services publics, par exemple, pour les imprimeries ou les fabricants, on doit faire la demande de trois devis parce que c’est la consultation, c’est comme ça légalement en fait, ils ont pas le choix. Et un appel d’offres on les trouve sur internet ou par le biais de contacts qui nous les envoient.

J’ai repensé à un truc aussi. C’est ouf parce que vraiment, il y a des choses que j’oublie avec le temps. Mais du coup, je te dirais au sujet des actions que je mettais en place aussi.

Donc du coup, les appels d’offres c’est : il y a tel projet, et pour y répondre, il faut mettre son projet et faire une note d’intention. Donc c’est expliquer, nous, comment on voit la chose. Parfois, il demande un espèce de croquis, ou des présentations pour présenter des esquisses. Mais dans ce cas là, nous on sélectionnait des trucs qui étaient rémunérés, parce que préparer ça, tu passes énormément de temps sans savoir si tu vas être pris et donc potentiellement tu bosses dans le vide. Et ça, moi ça, ça me dérange beaucoup. Voilà la petite aparté sur les appels d’offre.

Et en fait, effectivement, en parallèle à ça, j’étais, enfin, on était avec Laura, donc ma pote qui est designer d’espace, dans une organisation locale qui s’appelait, parce que je crois que ça n’existe plus, Lille Design. Et en fait qui faisait des soirées un peu réseautage, de conférences, de machins et tout et qui ont aussi publié des appels d’offres. Et du coup, eux venaient nous voir pour nous proposer des projets selon notre profil, etc.

Donc j’en avais aussi qui arrivaient par ce biais là. J’en ai pas fait beaucoup parce que soit le sujet m’intéressait pas forcément, soit je n’avais pas été prise. J’en ai fait quelques uns, mais il y avait aussi ce truc là que j’avais totalement oublié mais qui était du coup effectivement un potentiel canal client.

Et est ce que tu t’étais inscrite sur des sites de freelance comme Malt par exemple ?

Je me suis inscrite, je n’ai jamais eu aucune mission. Mais en ce n’était pas du tout approprié avec ce que j’avais dans mon portfolio, parce que justement, à cette période là, j’avais beaucoup plus de références en terme d’expériences et de projets sur des projets de signalétique, de design, d’exposition, des trucs à voir avec des services publics que des marques ou des entreprises. C’était pas du tout la même typologie de clients et pour le coup, Malt c’est pas du tout approprié pour ce genre de projet. Donc j’avais pas un portfolio suffisamment adapté je pense, et j’avoue que je m’y suis pas trop attardé non plus. J’ai jamais eu de de clients par ce biais là, mais effectivement j’étais inscrite.

Okay. Et donc 2020 arrive et j’ai l’impression que quand même, il y a pas mal de de changement puisque tu perds ta mission récurrente qui était un peu ton matelas de sécurité. Et tu découvres du coup une autre façon peut être de trouver une clientèle. Du coup, qu’est ce qui se passe pour toi à ce moment là ?

Au delà de ça, je découvre en fait juste une façon de travailler quoi. Genre une façon de concevoir son quotidien professionnel, sa vie professionnelle comme je l’avais jamais envisagé. Et je me suis dit mais c’est trop bien ! Genre j’ai énormément de liberté et je me dis j’ai le luxe de pouvoir choisir avec qui je travaille dans une certaine mesure. Mais voilà, on se comprend. J’ai aussi la liberté et le pouvoir de. d’avoir une approche qui me convient. En fait, il n’y avait pas de règles à respecter sur la façon dont doit se dérouler la collaboration. Quelles relations je dois avoir ? Est ce qu’on est obligé de se vouvoyer ? Tu vois des choses comme ça. Cette distance là, moi vraiment, me gênait beaucoup parce que ça mettait très mal à l’aise. Et en fait, je me suis rendu compte que c’était pas juste la seule option.

Et je découvre effectivement une nouvelle façon de communiquer. Mais c’est pas venu tout de suite parce que j’étais encore beaucoup dans l’illustration, donc je crois que j’ai alterné les deux. Je faisais surtout illustration et les projets que je faisais aussi en parallèle d’un point de vue graphisme, mais je faisais pas du tout du marketing de contenu à ce moment là, c’était pas du tout du contenu éducatif tout ça. C’est venu vraiment pour moi fin d’année 2020 où j’ai fait justement cette transition là d’un point de vue de ma communication. Mais entre mars et décembre, il n’y a pas eu de changement au niveau de ma communication et j’ai toujours communiqué quasiment exclusivement sur Instagram, en tout cas à l’époque, à part mon site internet, j’avais rien d’autre. Et à part ce réseau local là aussi.

Ok. Et est ce que du coup ça suffit pour maintenir ton activité ?

Ben écoute, oui parce que du coup, entre toutes ces petites choses, j’ai un petit peu de tout en fait. A ce moment là, j’ai donc le gros projet avec le forum des sciences qui va s’étendre pendant de nombreux mois. On va réussir à négocier, parce que de base on devait juste faire une malle pédagogique et les jeux étaient déjà faits imprimer etc. Sauf qu’en fait, on s’est rendu compte qu’ils avaient pris des images qui n’étaient pas libres de droits, que c’était des trucs qui avaient été plastifiés à l’arrache, qui dataient des années 2000. Enfin, on leur a dit clairement c’est pas possible d’avoir un si bel objet avec des trucs aussi peu qualitatifs à l’intérieur.

Donc en fait, on a eu une espèce d’extension de mission, enfin moi surtout en fait, où j’ai dû refaire toute la communication, enfin refaire les jeux. Donc ça m’a apporté plus de revenus dans ce projet là que initialement. En parallèle, j’avais certainement deux ou trois petites choses localement si je me souviens bien. Et j’avais aussi du coup une de mes clientes qui avait créé une espèce d’agence de mise en relation de communication qui m’avait mis en relation avec quelqu’un et pour qui j’ai travaillé sur l’identité visuelle, les packaging, etc. Donc en fait, entre juin et décembre, j’étais occupé à ça. Et là, comme ça, je saurais plus te dire si ça a vraiment impacté mon chiffre d’affaires, mais je crois que c’était assez similaire finalement à ce que j’avais pu gagner en étant en mission freelance à temps plein. Parce qu’en fait aussi, je voyais que là c’était vachement extensible dans le sens où quand j’étais à temps plein, peu importe ce qui se passait, ben mon revenu dépendait du nombre de jours où je travaillais quand même.

Alors que là, en fait, j’ai vu que je pouvais aller plus loin parce que tout dépendait aussi des projets que j’avais.

Ok. Et donc à partir de fin 2020, début de 2021, tu décides de changer ta comm. Alors qu’est ce que tu mets en place et pourquoi ?

Pourquoi ? Très bonne question… Si je sais pourquoi en fait, arrivé à un moment, je me suis dégoûté de l’illustration. Enfin d’en faire en tout cas. Parce que j’en faisais trop. Parce que je suis monomaniaque donc en fait, au bout d’un moment quand j’ai poncé quelque chose, je n’en peux plus. Ce qui est bien normal. Et donc du coup, j’ai eu un une overdose de ce truc là. J’avais plus d’inspi, je voulais plus, j’arrivais plus en fait à dessiner. Et en fait aussi parce que ma créativité, je pouvais l’exprimer à nouveau dans les projets clients que je faisais. Et donc j’avais plus cette frustration là par rapport à ma mission où je me sentais un petit peu cantonnée, tu vois, d’un point de vue créatif.

Donc du coup, je pense que juste, j’avais plus rien à sortir et que je donnais tout pour mes clientes et mes clients. Donc j’ai eu ce dégoût un peu, enfin ce blocage, vraiment sur l’illustration. Et j’ai eu envie d’explorer autre chose. Et du coup, vu qu’à ce moment là, j’ai commencé à voir la création de contenu qui s’est développée, etc. J’ai eu envie d’essayer et donc à l’époque, voilà, je me suis dit qu’est ce que j’ai envie de partager comme type de contenu ? Du coup, je me suis fait une petite liste de plus, montrer mon travail déjà, qui était quand même minoritaire par rapport aux illustrations, d’être dans un truc un peu plus éducatif aussi. J’étais beaucoup beaucoup dans le contenu éducatif, par exemple sur les différents types de typographie. Enfin, voilà, toutes ces choses là qui étaient assez nouvelles quand même à l’époque. Enfin, c’était vraiment le début et c’est comme ça en fait que j’ai commencé. Qu’est ce que j’avais envie de partager, qu’est ce qui me semblait intéressant en termes de connaissances…

Et franchement, j’ai trop kiffé créer du contenu à ce moment là et ça ne m’a jamais quitté pour l’instant, heureusement. Mais ouais, enfin, je me suis découvert vraiment un vrai kiff à créer du contenu, à trouver des idées,… Ça a remplacé toute la place de l’illustration dans ma tête en fait.

Et qu’est ce que ça a changé du coup ? Est ce que ça a changé quelque chose dans les personnes qui sont venues à toi, dans les missions que tu as eu ?

Bah déjà, il y a eu un impact par rapport à mon contenu Instagram parce qu’il y avait énormément de gens qui étaient là pour les illustrations, faut pas l’oublier. Donc du coup, les pauvres se sont retrouvés dans un truc où ils n’avait rien demandé à personne. Donc j’avais fait une story je crois, pour prévenir. Et en fait, petit à petit, le tri s’est fait. Parce que quand on partage des illustrations, on peut toucher aussi à une audience qui est beaucoup plus internationale. Et c’était mon cas. Donc en fait, le fait de recentrer vraiment sur du contenu francophone uniquement et très spécifique, lié au graphisme, à la communication et à l’identité visuelle, etc. Il y a des gens que ça n’intéressait plus, donc voilà. Mais après j’ai pas énormément perdu de personne, ça s’est vraiment fait au fur et à mesure.

Et en termes de contacts, petit à petit, il y a de plus en plus de personnes qui m’ont contacté par ce biais là. Jusqu’à ce que finalement, en fait, j’ai plus besoin de répondre à des appels d’offre ou d’envisager de continuer d’utiliser ce moyen là d’avoir du travail en fait.

Trop bien ! Mais une des raisons pour lesquelles je t’ai invitée, c’est parce que tu as partagé sur un sujet et que je pense qu’il est important de le partager aussi. C’est que tu as quand même eu des périodes de creux… Donc finalement tu te dis « j’ai plus besoin dede répondre à des appels d’offres, d’aller chercher des clients, etc » mais tu as quand même des périodes de creux…

Alors j’ai eu une moyenne et une très grosse prériode de creux on va dire. D’abord la moyenne et ensuite la très grosse.

C’était quand ?

C’était quand ? C’était euh. Je sais plus. Moi j’ai un problème. C’est à dire que je fais pas de bilan, je ne fais pas de bilan mensuel, je fais pas de bilans trimestriels, je fais pas de bilan annuel. Si maintenant ça fait deux ans que j’en fais, mais du coup je sais qu’il y a des personnes qui vont péter un plomb en entendant ça. Mais c’est pas un cap que j’ai passé pour l’instant parce que j’ai pas forcément très envie. Alors que tu vois dans les situations comme ça, je me dis ça serait quand même bien de pouvoir avoir une vue d’ensemble sur les étapes principales qui se sont passées. Je sais plus exactement, mais c’est 2021 ou 2022.

C’était la première fois que tu avais une période de creux comme ça ?

Ouais, en fait jusqu’à là, les choses étaient, tu vois, en progression croissante. C’est à dire que même si au début j’avais pas beaucoup de clients et de clientes, mais comme je t’ai dit en fait, par rapport à mon rythme de vie, moi ça allait. Enfin j’avais les APL, j’avais la prime d’activité, enfin je me suis dit c’est le début, c’est déjà pas mal. Puis voilà quoi. Donc ça m’allait très bien.

Et du coup, bah d’année en année, mon chiffre d’affaires était croissant. Donc en fait je m’inquiétais pas plus que ça.

Et en fait, à un moment donné, j’avais fini mes projets et j’avais plus rien après. Ok, ça n’a pas duré super longtemps, mais en fait c’est ce cas de figure là, cette situation de, ben voilà, j’ai rendu tout ce que j’avais à rendre et pour l’instant j’ai rien après, c’est hyper effrayant.

Et jusqu’à maintenant, ça m’était pas arrivé. Parce que en fait ça se goupillait bien tu vois, genre j’avais un projet, j’étais peut être au milieu du projet, j’avais déjà quelqu’un qui me contactait pour la suite. Et là en fait j’avais même pas de demandes. Donc c’était ça aussi qui était hyper flippant. Et tu vois, ça a duré un mois et après c’est revenu et je me suis dit bah chaque chose en son temps, c’est comme ça, tu vois. Moi j’en ai profité pour travailler sur des choses sur lesquelles je n’avais pas forcément le temps. Tu vois, sur mon site internet par exemple, sur ma comm, de remettre des choses un peu au clair et tout, mais vraiment cette situation de j’ai fini et j’ai plus rien après, c’était horrible.

Et oui je comprends, je partage. Et du coup est ce que tu t’es mis en mode panique genre : « plus jamais de ma vie je vais travailler » ? Ou est-ce-que quand même, dans un coin de ta tête, tu disais : « bon c’est pas cool, mais ça va revenir. » ?

Effectivement, oui, moi je panique beaucoup parce que je suis très anxieuse et j’ai extrêmement peur de manquer d’argent. Et de plein de choses, mais surtout d’argent en fait. Et donc du coup je me dis là c’est chaud parce que faut pas que ça dure trop longtemps, parce que j’ai un loyer à payer. Et puis c’était flippant et tu te remets en question, tu doutes sur ce que tu fais etc. Tu te dis bah voilà, c’est le covid qui dure quand même très longtemps, donc les gens ont pas de sous. En fait ils ont pas de visibilité sur la vie donc c’est normal. Mais en même temps c’est hyper flippant. Et je me disais une fois que le covid sera plus là, ça ira. Il fallait juste que je tienne ce temps là. Et j’avais aussi, j’y repense, les aides de l’État bien sûr. Donc du coup, j’avais ça et je me disais bon, c’est flippant, mais enfin ça va encore, tu vois.

Et est ce que tu t’es dit bon ben faut que je fasse un truc en plus pour trouver mon ou ma prochaine cliente ? Ou est ce que tu as juste laissé couler en te disant bon, ça va revenir ?

Je crois que j’ai juste augmenté ma cadence de contenu sur Instagram, mais sinon j’ai pas mis de nouvelle action en place de souvenir, ok.

Tu dis que tu es assez anxieuse et que tu as peur de manquer d’argent. Bon, moi je trouve ça assez normal quoi qu’on en dise… Mais du coup, est-ce que, dès le début de ton activité ou à partir d’un certain moment, tu t’es dit : il faut que je prévoie si jamais il y a une période un peu moins bien ?

Ben en fait moi je suis très flippée par rapport à ça. J’ai toujours eu l’habitude, parce que c’est aussi mes parents qui ont initié ce truc là, mais j’ai toujours eu de l’argent de côté. J’ai jamais trop réussi à me situer par rapport aux autres personnes parce que je trouve qu’on en parle pas beaucoup et que j’ai cherché des fois sur Google genre, combien d’épargne les gens de mon âge ont tu vois…

Et en fait je trouvais rien et j’arrivais pas à me situer. Et c’est ça aussi qui me faisait peur parce que je me disais : est ce que j’ai assez ? Est ce que j’ai pas assez ? J’ai trop peur… Et du coup, moi j’ai beaucoup tendance à faire l’écureuil, à mettre de côté, à avoir besoin en fait d’avoir des trucs de côté pour me sentir ok, parce que je considère qu’on sait jamais ce qui peut arriver, que j’ai des problèmes de santé très régulièrement et que j’ai pas le chômage, Les arrêts maladie, quand tu es indépendant ou indépendante, c’est très très nul. Donc donc ça bien sûr que je l’avais de base.

Et puis dès le départ, en fait, j’étais très lucide sur la gestion financière. C’est à dire que, moi, j’ai actuellement deux statuts, mais à l’époque, j’en avais un seul qui était artiste auteur. Et il y a un groupe sur Facebook d’artistes-auteurs où les gens posent des questions, etc. Parce que c’est quand même très très, très compliqué d’arriver dans ce truc là et de ne pas savoir quoi faire. Parce qu’il y a beaucoup moins de contenu à ce sujet que, par exemple, comment déclarer son chiffre d’affaires quand tu es auto entrepreneur.

Donc, dans ce groupe là, je voyais des gens qui se plaignaient que l’URSSAF vienne les chercher à la fin de l’année. Parce qu’en artiste auteur, tu fais une déclaration annuelle. Et en fait ils disaient oui, moi on me demande tant, mais j’ai pas suffisamment pour payer les cotisations etc. Et j’étais là : Mais qu’est ce que vous avez en tête en fait ? Vous recevez un chiffre d’affaires, vous savez de base que vous devez payer 17,5 % de cotisation. Bah, gardez le de côté. Je sais pas, pour moi ça paraissait incohérent. C’était ça, je comprenais pas, c’était illogique pour moi et du coup j’ai toujours gardé ce truc là de côté.

Pareil, ma gestion de l’argent est la mienne et je sais qu’elle est très très particulière, mais je ne me verse pas de salaire fixe non plus. Et alors là, actuellement, pour simplifier la chose, comment ça se passe ? C’est que j’ai, on va dire, trois comptes. J’ai un compte où je reçois mes sous de chiffre d’affaires de mes clients et mes clientes. J’ai mon compte courant perso et j’ai mon ancien compte pro qui était un compte perso classique mais en fait depuis j’ai pris un compte pro. Je l’ai gardé pour pouvoir l’utiliser uniquement comme un compte où je mets les cotisations que je dois payer à l’URSSAF, que ce soit l’URSSAF artiste auteur ou l’URSSAF auto entrepreneur. Et donc du coup, en fait je sépare. Moi j’aime bien segmenter. Je comprends pas pourquoi on peut pas avoir des sous dossiers. Tu vois dans les comptes bancaires, ça me stresse. J’aimerais bien compartimenter les choses. Tu vois me dire bon bah telle enveloppe c’est pour tel truc, etc… Bon bref, c’est un détail, il faudrait que je souffle l’idée. Et moi ça en fait, ne pas pouvoir visualiser, ça m’angoisse un peu.

Donc du coup voilà, j’ai mon compte pro sur lesquels il y a ma trésorerie qui arrive, enfin mon chiffre d’affaire et je garde ma trésorerie dessus. Mon compte que j’appelle cotisations sur lequel je vire en fait le pourcentage qui ne m’appartient pas, puisqu’à aucun moment il ne m’appartient. Donc je le mets directement de côté. Et mon compte perso. Et en fait bon, je sais que c’est pas forcément l’idéal, mais actuellement et j’ai toujours fonctionné comme ça, je ne me verse pas de salaire fixe parce que, justement dans cette idée de garder de côté et de ne pas consommer pour consommer parce que j’ai des sous de dispo, je prends quand j’ai besoin dans mon compte pro. Et du coup ça me permet d’avoir une trésorerie assez confortable.

Ok, donc ça veut dire que par exemple tu dois payer ton loyer, tu prends l’argent sur ton compte pro, c’est ça ?

En fait, si tu veux, je me fais des petits virements par mois, mais je vais pas me dire chaque mois je prends ça dans mon compte pro pour toutes mes dépenses mensuelles.

Ok, mais ça demande quand même de ne pas être dépensière et de ne pas faire des craquages…

C’est pour ça que je disais que c’est pas mon rythme de vie à moi, c’est adapté par rapport à moi. Je sais que c’est pas du tout adapté pour tout le monde et je le comprends. Mais sauf que moi je sais qu’en fait si j’ai les sous sur mon compte, je vais être tenté de dépenser et j’ai pas envie de dépenser pour rien en fait. Bon du coup je préfère les épargner, les investir, etc. Donc du coup je fonctionne bien comme ça.

Effectivement, moi dans mon rythme de vie, je suis très chill tu vois. Genre mes kiffes ils sont gratuits quasiment tous, donc je suis pas quelqu’un tu vois qui va vouloir se faire kiffer avec des des week ends de ouf, qui va se dire bah moi je mon kiffe c’est de me faire un bon resto par semaine…. C’est plutôt très ponctuel. Je me fais plaisir de temps en temps bien sûr, mais effectivement je dépense, je pense, pas beaucoup par rapport aux autres personnes. Je pense que ma dépense principale c’est la thérapie, enfin psy et tout le reste sur les médecines alternatives. Pare que ça pour le coup, laisse tomber le budget mensuel ! Mais sinon je me suis vachement calmé sur les dépenses. Tu vois, quand j’étais plus jeune, j’étais vachement dépensière, mais comme beaucoup, sur sur les vêtements, sur les choses comme ça. Et en fait, bon, forcément, quand tu commences à avoir une conscience écologique, voilà. Et d’autant plus quand tu te mets à travailler chez toi et qu’en fait tu tournes avec deux jogging la semaine et quatre hauts, au bout d’un moment, t’as pas besoin de grand chose.

Non mais ça c’est tellement vrai ! Moi aussi j’ai remarqué que depuis que je ne vais plus travailler en entreprise et que je travaille principalement chez moi… Bon alors au tout début, je travaillais souvent en pyjama, ça j’ai arrêté quand même parce que je me dis bon…

Moi ça m’arrive hein, franchement.

Oui, moi aussi de temps en temps, mais là, c’était genre quasiment tous les jours. Là maintenant, je me dis pour se mettre dans la motivation et tout, je m’habille quand même. Mais même en terme de make up, de chaussures, je me prends vraiment moins la tête et j’ai appris à m’apprécier aussi telle que je suis.

Ouais, mais c’est vraiment une thérapie personnelle.

Exactement. Mais ok, c’est intéressant de voir comment tu gères l’argent. En fait, ça veut dire que tu ne te dis pas : par mois je mets tel pourcentage en tréso et tel pourcentage en salaire ?

J’en suis pas là actuellement. En fait, je garde ce qui arrive et je pioche dedans. Mais je sais que c’est très bancal comme gestion financière. Et puis j’ai un peu une phobie et une insécurité par rapport à ça, donc je fais vraiment les choses au fur et à mesure et ça avance petit à petit. Mais effectivement, j’aime bien avoir pas mal de tréso et de me dire je pioche dedans quand j’ai besoin. Et par année, tu vois, je me fais des gros virements depuis mon compte pro pour que je pourrais mettre en épargne, mais ça va falloir que je change. Enfin voilà, je suis en train de m’intéresser du coup, là, en ce moment et surtout cet été, je m’y suis intéressé à tout ce qui est investissement responsable et à tout ça. Des choses qui font peur quand tu es adulte. Et du coup je suis en train de gagner en maturité sur le sujet et je pense que je vais devoir changer ma façon de fonctionner financièrement.

Mais actuellement, ça se passe comme ça. Puis ça fonctionne finalement parce que moi ça me va. Je me suis jamais retrouvé en galère.

Par exemple, ma grosse période de creux s’est étendue de septembre 2022 à début mars 2023. C’est à dire que j’étais pas méga en galère six mois. C’était très très long. J’avais pas rien du tout.

Mais si tu veux, sur la fin de l’année, j’ai senti vraiment qu’il y avait un problème. Parce que dès la rentrée de septembre, je n’avais pas du tout autant de demandes que j’avais pu avoir à la rentrée les autres années. Bien sûr, à ce moment là, il y a en Ukraine, l’inflation, … Les gens, ils flippaient de ouf. Et moi, par rapport aux types de personnes avec lesquelles je travaille, c’est des personnes très souvent qui sont en majorité en fait en auto entreprise, c’est pas des sociétés et donc la com, ce qui est normal, je pense qu’on aurait tous fait tous et toutes fait le même choix, mais la com c’est passé à la trappe. Parce que si tes dépenses pro, ça joue aussi sur tes dépenses perso, bah juste tu survis et tu te dis ce sera pour plus tard, c’est pas la priorité, c’est normal.

Et du coup je pense que ça, ça a beaucoup joué. Je sais que c’était pas le cas de tout le monde, mais j’ai eu beaucoup de retours de personnes qui ont senti aussi à ce moment là que ça se dégradait en termes de de demandes sur le marché et tout. Et ouais, ça a diminué à ce moment là jusqu’à janvier où vraiment, janvier, février, je n’ai rien eu à part un projet de clients réguliers, mais vraiment un tout petit truc. Et vraiment, cumulés, Janvier février, j’ai fait moins de 180 € de chiffre d’affaires et je me suis dit l’année commence bien, c’était hyper flippant. Et là, vraiment, je me suis dit ça fait six mois que je sens que c’est galère, il faut faire quelque chose.

Je me suis dit là, il faut prendre des décisions. Et là, j’ai commencé à angoisser, de me dire est ce que je vais devoir finir par prendre un taf salarié, un taf alimentaire, Qu’est ce que je fais ? C’était horrible, horrible. Et puis ça a fini par se débloquer. Entre temps, j’ai mis des actions en place, mais en fait je sais pas, tu vois, si c’est un concours de circonstances, si c’est dû à je sais pas quoi, mais ça a fini par revenir. Et là, enfin tu vois mon rythme sur la fin d’année là, c’est l’opposé du début d’année. C’est à dire que là je croule sous le travail, que je respecte plus tant que ça, mais 20/25h par semaine, donc là j’essaie de faire gaffe. Après j’ai des problèmes perso et du coup le fait d’être dans le travail m’aide aussi à penser à d’autres choses. Mais je sens la fatigue toquer à ma porte. Donc je vais faire gaffe parce qu’une fois ça m’est arrivé d’avoir un début de burn out et d’avoir plus du tout envie de travailler : c’est pas très marrant quand tu dois faire du chiffre pour vivre.

Parce que bon, faut pas non plus se mettre dans des états catastrophiques, sachant qu’on a quand même la liberté de faire nos propres choix par rapport à tout ça, mais faut savoir se mettre des limites. Et là, cette année et cette fin d’année, c’est difficile parce qu’en fait, j’ai un creux de chiffre d’affaires à combler. Qui est pas catastrophique là du coup, mais quand même, c’est pas ouf, c’est pas ouf.

Alors ça va que j’ai plus de loyer à payer parce que j’ai eu la chance d’acheter mon appartement et mes mensualités sont très très basses par rapport au loyer que je payais avant. Donc il y a ça aussi qui s’équilibre, tu vois. Mais en fait, avec un autre rythme de vie, je pense que ça m’aurait mis vraiment en danger. Et effectivement, la trésorerie que j’avais m’a beaucoup sauvé à cette période là.

J’imagine par quoi tu as pu passer…

Ben ouais, tu doutes en fait. Tu te dis : mais en fait, est ce que je suis vraiment faite pour faire ça ? Pourquoi est ce que les gens ne viennent plus ? Pourquoi ça n’intéresse plus personne ? Qu’est ce que j’ai loupé ? Qu’est ce que j’ai mal fait ?

Tu te remets énormément en question. Alors c’est normal de se remettre en question et c’est sain, tu vois, parce que sinon tu évolues pas. Là, c’était un peu violent quand même.

Ouais et je te rejoins aussi sur un point qui est que : c’est hyper difficile parfois de savoir si ce que tu as c’est le résultat de tes actions ou pas…

C’est pas immédiat. Donc tu sais que tu plantes des graines, mais est ce que ça germe ? Est ce que ça germe pas ? Sauf quand c’est de la mise en relation où là c’est hyper explicite, mais le reste…

Ouais je trouve que c’est compliqué de voir les retombées de, par exemple, quand tu vas te mettre à fond dans de la com insta ou je sais pas si tu fais de la publicité, des choses comme ça. Tu as des chiffres, tu as des statistiques, mais je trouve ça quand même difficile de s’en rendre compte.

Il y a vraiment un truc où je sais que des actions ne servent pas à rien et que du coup maintenant je sais que ça m’apporte des clients plus ou moins directement on va dire. Mais quand j’ai créé mon la partie blog de mon site internet, j’ai quasiment doublé les vues de mon site, ce qui du coup améliore mon référencement.

Et maintenant je le vois en fait dans mon CRM que j’ai beaucoup plus de personnes qui me contactent par le biais de mon site internet que par Instagram.

Avant, vraiment, en 2021 / 2022, 90 % des personnes qui me contactaient venaient d’Instagram et les autres 10 % c’était bah par contact on va dire.

Donc du coup, c’est là où je me suis dit il va falloir que j’approfondisse ce truc de contacts, de voir comment je pouvais augmenter aussi la proportion de personnes qui venaient de recommandation…

Et là c’est cool parce que je sais que les efforts et les actions que je mets en place sur la question du blog, ben en fait ça me permet d’être plus visible. Et je vois que vraiment, il y a plus de gens qui viennent de mon site internet directement, sans me connaître d’ailleurs. Donc c’est très bien, je suis contente.

Alors tu prêches une convaincue, évidemment. Mais oui, c’est bien de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Et ça, je l’ai appris à mes dépens aussi. Parce que justement, pendant cette très grosse période de creux, je me suis dit : il faut que je me diversifie parce que mes clients ne peuvent pas vraiment être fidéliser. Parce qu’en fait, une fois que je fais une identité visuelle avec quelqu’un, bah ça s’arrêtait en fait. Parce que bon, j’ai des petites prestations avec des clients et des clientes avec qui j’ai fait l’identité visuelle, mais ça reste minoritaire. Mais en fait, j’ai pas envie de superposer trop de types de projets en même temps parce que ça prend beaucoup de charge mentale. Et en fait, j’ai dû faire cette concession là et d’accepter que, ben en fait, il faut que je mette en place des collaborations plus durables avec mes clients et mes clientes. Enfin, voilà qu’on continue à travailler ensemble, potentiellement suite à cette première prestation là. Pour pouvoir combler justement les moments où il n’y a rien d’autre.

Tu vois des petites prestas à 200 € si tu en fais cinq dans le mois, bah franchement, c’est déjà ça. Donc j’ai lâché prise un peu là dessus à ce moment là.

J’ai aussi reconsidéré, tu vois, le type de clients avec lesquels je travaillais. Et je me suis ouverte à des choses sur lesquelles je n’étais pas forcément ok de m’ouvrir avant. Mais en fait, j’en parlais aussi beaucoup avec ma psy sur la question du travail et elle me disait : mais vous n’êtes pas obligée d’accepter tout le temps tel type de prestation. Mais si vous voyez que vous êtes dans un moment de creux, en fait, élargissez un peu vos critères, quoi, tu vois ?

Donc c’est ce que j’ai fait cette année, j’ai eu, voilà un ou deux projets comme ça qui n’étaient pas forcément dans ce que je fais d’habitude et ce que j’aime faire d’habitude, mais j’en avais besoin.

Et des fois, bah faut aussi se rendre à l’évidence comme ça, il faut manger. Et parfois on a le choix et parfois on l’a un peu moins et c’est dur, d’un point de vue ego. Enfin, j’avais l’impression de me trahir un peu et de trahir tout ce que j’avais maintenu dans ma communication jusque là.

Alors j’ai pas du tout travaillé pour des boites qui sont catastrophiques d’un point de vue social ou écologique. J’ai pas tiré un traitsur mes valeurs. Mais disons que je me suis laissé un peu plus de liberté dans des projets qui n’avaient pas vraiment profondément un axe engagé, mais où je sentais que la personne derrière avait des intentions de quand même faire les choses de façon éthique et bienveillante.

C’est hyper intéressant tout ce que tu nous partages. On arrive sur la fin, on a peut-être déjà un petit peu dépassé, mais bon, c’est tellement intéressant ce que tu dis. C’est pas grave, ce sera un petit peu plus longtemps. J’aime bien poser la question de la chance dans les parcours parce que je trouve que bien qu’on mette énormément de travail, énormément d’efforts et que voilà, on a du mérite à réussir ce qu’on ce qu’on réussit, je trouve qu’il y a quand même toujours une part de chance qui joue. Je trouve que c’est important de le dire. Donc est-ce que tu as en tête une fois où dans ton parcours pro, tu t’es tu t’es dit : tiens, là j’ai eu de la chance et et ça a joué sur la suite.

Ouais ben effectivement, en fait, des fois, juste les planètes, elles s’alignent à un moment et en fait ça crée quelque chose où tu te dis putain, heureusement, que c’était là quoi. Et tu sais que ça ne dépend pas que de toi. En tout cas, moi ça m’arrive aussi beaucoup parce que j’ai la sensation et à plusieurs fois, et notamment aussi dans mes périodes de creux, même si comme tu dis en fait tu tu restes pas passive. En tout cas c’est pas mon cas. Je suis loin de rester passive parce que j’ai un profil très axé résolution de problèmes, donc limite je bosse plus quand j’ai des périodes de creux et que j’ai pas de travail que quand j’en ai. Parce que en fait tu te dis je fais le max en fait pour pouvoir me sortir de là.

Mais par contre effectivement à chaque fois, et pas que dans ma vie pro, que j’ai des galères, il y a un truc à un moment donné qui va venir me sortir de la merde.

Tu vois, il y a ce truc là vraiment de, je sais qu’à un moment il va y avoir un truc et que ça va me sauver entre guillemets, tu vois.

Alors comme je dis, c’est pas une raison pour rester passive. De toute façon, ça m’angoisse suffisamment pour que je ne le sois pas. Mais ça me permet d’avoir un peu plus confiance en la vie aussi, de prendre les choses avec un peu plus de sérénité, même si c’est des situations pas faciles.

Mais il y a des fois où je me suis dit bah putain, c’est bien tombé, tu vois, ça s’est fait au bon moment. C’est vraiment chaque chose en son temps.

Je considère aussi que j’ai de la chance de m’être lancée à ce moment là, d’avoir commencé à communiquer en 2018 / 2019, avant COVID. Parce que je trouve qu’aujourd’hui, c’est beaucoup plus compliqué quand même de se faire une place sur Insta. Sauf si on fait les choses très bien et que ça fonctionne. Mais malgré tout, il y a énormément de gens et beaucoup plus de gens maintenant. Mais il y a aussi beaucoup plus de gens qui sont indépendants, donc c’est normal. Mais il y a beaucoup plus de gens qui communiquent, donc bah beaucoup plus de contenu.

Et j’ai vu, tu vois, ce changement sur la portée qui est plus du tout la même aujourd’hui qu’avant. Donc j’ai cette chance là de m’être lancé, je crois, au bon moment.

Parce qu’en fait, si ça se trouve, à l’heure actuelle, j’aurais fait exactement la même chose, ça n’aurait pas marché si j’avais pas eu autant de visibilité. Enfin, tu vois, on sait pas. Et donc franchement, je pense que j’aurais pas aimé me lancer maintenant.

Alors c’est pas pour déprimer et faire peur aux gens qui veulent se lancer maintenant, mais c’est juste que, ouais, j’ai cette sensation là. Quand j’ai fait le switch entre illustration et création de contenu, j’avais déjà 2000 abonnés je pense. J’avais une base d’audience minimum qui m’a permis de pas trop démarrer de zéro en fait.

Donc du coup, ça, je considère que j’ai de la chance.

Ok, ben merci beaucoup pour ta transparence et merci de tout ce que tu nous as partagé. C’était hyper intéressant.

Ouais ben écoute, merci beaucoup pour l’invitation en tout cas, c’était cool et j’étais très contente de partager ce petit moment avec toi.

Trop bien ! Merci à toi. Je laisse les liens vers ton compte insta et ton site pour les personnes qui veulent voir un petit peu ce que tu fais, je vous encourage à y aller, c’est très très cool.

Portrait de Steffi

Je suis Steffi, designeuse web certifiée en numérique responsable. J’ai à coeur d’aider les entreprises à impact positif à trouver une clientèle en respectant leurs convictions. C’est pour cela que je propose des services autour de l’éco-conception web, pour un site web performant, esthétique et respectueux du monde.

Sinon, en bonne taureau, j’aime manger, faire des activités de mamie telles que la broderie ou le tricot et les chats.

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