Video Instagram : 3 bonnes raisons de ne pas s’y mettre

Mis à jour le 19/01/2024 | Publié le 22/12/2021 | Entrepreneuriat & justice sociale

Instagram l’a annoncé officiellement, vous l’avez entendu et lu partout : la video est LE format à privilégier sur Instagram. Alors pourquoi diable je viens vous donner 3 bonnes raisons de ne pas s’y mettre ? J’avoue, derrière ce titre un brin anti-conformiste et provocateur (enfin bon, on parle juste d’Instagram, c’est pas la révolution non plus), j’ai surtout envie de vous donner 3 raisons de faire les choses en conscience. Le but n’est pas de vous dire de ne pas faire de video sur Instagram (ou ailleurs), mais plutôt de vous alerter, de vous informer sur les tenants et aboutissants qu’il y a derrière un geste aussi banal que de publier une video sur Internet.

La video Instagram est (souvent) un snack-content

Alors déjà, c’est quoi un snack content ?

Un snack content, c’est un contenu qui se déguste comme un snack : court, facile, divertissant et éphémère. C’est typiquement les Reels, les Tik Tok, les memes, …

En opposition, on trouve le slow content, c’est à dire le contenu long, détaillé, pérenne, comme les articles de blog ou les épisodes de podcast.

Je n’ai rien contre les snack content en soi, après tout parfois il suffit d’une phrase ou d’une image pour avoir un déclic, ou comprendre un truc qu’on ne comprenait pas jusque maintenant. Et on a bien le droit de se divertir aussi, c’est important.

Mais je trouve quand même qu’ils posent un problème.

Même deux.

Le premier, c’est que le snack content pousse selon moi à une sur-consommation. Ben oui, comme dit juste avant : c’est court et facile à consommer. Alors là où un article de blog détaillé et long va nous prendre 10 minutes de lecture sur un seul sujet, combien de Reels avons-nous le temps de voir en 10 minutes ? Au moins une vingtaine. Et autant de sujets abordés. Notre cerveau se retrouve donc inondé d’informations, et je trouve que, surtout en tant qu’entrepreneur·ses, on peut vite se sentir perdu·es, avoir l’impression qu’il faut être partout, tout faire et on ne saura plus où fixer nos priorités.

Et le deuxième problème de ce genre de format video sur Instagram ou autre, c’est qu’ils poussent aussi à la sur-production pour les créateurices de contenu, au sens de « toutes les personnes qui publient du contenu sur Internet dans un but plus ou moins professionnel ».

Parce que comme je le disais juste avant, le snack content, c’est un contenu court, et surtout, l’immense majorité du temps, destiné à des plateformes où le contenu est éphémère, comme Instagram.

En effet, là où un article de blog ou un épisode de podcast peut être découvert plusieurs mois voire années après sa publication (grâce notamment au référencement), un Reel va être visible dans le meilleur des cas, quelques semaines seulement. Donc, pour continuer à profiter de la visibilité qu’une video Instagram peut apporter, il va falloir en produire toujours plus, pour un effet immédiat mais éphémère.

Et c’est là où on arrive à ce phénomène que j’appelle « sur-production », parce qu’il va falloir produire beaucoup plus souvent si on mise sur les snack content. Et vous savez très certainement comme moi que la production de contenu ça peut être fatigant et chronophage. Et que donc miser sur la video Instagram, ça peut rapidement mener à l’épuisement.

La vidéo est le format le plus polluant du web

Alors autant sur le premier point on était sur une petite alerte, un truc à surveiller. Autant là, je pense qu’on est face à un vrai problème.

La vidéo est le format le plus lourd, en comparaison à l’écrit, l’image ou l’audio. Ce qui en fait par conséquent aussi le format le plus polluant (pour d’autres raisons également, je vous invite à lire cet article de TheShiftProject).

En 2019, l’usage de la video émettait autant de gaz à effet de serre que l’Espagne !

Alors on est d’accord que ce n’est pas nos petites vidéos sur Instagram le vrai fond du problème, et que c’est tout un système qui est à changer.

Mais justement, quand un géant comme Instagram (et tous les autres) annonce qu’il misera tout sur la video sans les prochaines années, c’est franchement inquiétant.

Alors même si je ne suis pas pour le fait de mettre tout le poids de la crise climatique sur les épaules des citoyen·es, je pense qu’un changement global des mentalités est nécessaire. Et ça passe d’abord par une prise de conscience. Ne plus penser que ce qu’on publie sur Internet n’a aucun impact, et surtout pas quand il s’agit de videos.


À LIRE ENSUITE : POLLUTION NUMÉRIQUE : 10 GESTES SIMPLES POUR RÉDUIRE SON IMPACT

La video Instagram est trop peu souvent accessible

C’est le point qui m’a donné l’idée de cet article.

Alors d’abord, par accessible, j’entends bien parler de l’accessibilité web.

« L’accessibilité du web signifie que les sites web, les outils et les technologies sont conçus et développés de façon à ce que les personnes handicapées puissent les utiliser. » (définition du W3C)

Très clairement, la majorité du web n’est pas 100% accessible, ce n’est pas un problème qui concerne uniquement la video Instagram.

Mais ça m’a frappé. Probablement parce que je me suis retrouvée dans le même contexte qu’une personne qui aurait un handicap auditif et du coup, j’ai vécu ce qu’iels vivent au quotidien.

Je vous explique donc : quand je suis sur Instagram, je ne mets jamais le son. Et je vous invite à faire la chose suivante : faites défiler les Reels sans le son. Dans 99,9% des cas, ça n’a aucun sens.

Parce que ces videos courtes sont très souvent basées sur une musique ou un audio. Les gens réagissent au son. Donc quand il n’y a pas le son, on ne comprend pas.

Extrêmement peu de personne font la démarche de rendre leur Reels accessible, alors même que c’est possible. D’ailleurs, je vous recommande ce post Instagram de @bleurenard_studio qui donne 3 astuces pour rendre les Reels plus accessibles.

Pour les videos Instagram « classiques » (ex IGTV), c’est pareil, peu sont sous-titrées, alors même qu’il suffit simplement d’activer l’option au moment de la publication (dans les paramètres avancés), Instagram fait tout tout seul ensuite.

Pour les stories, c’est un peu mieux, j’ai l’impression que les gens ont plus pris l’habitude d’au moins résumer ce qu’iels disent, mais on n’est toujours pas sur du 100%.

Et pour les lives, le sous-titrage en direct est pour l’instant tout simplement impossible.

Bref, vous l’aurez compris, l’accessibilité des videos Instagram est un gros sujet. Et si c’est ce format qui sera le plus mis en avant à l’avenir, ça veut dire que plus de personnes seront exclues des contenus.

Nous arrivons à la fin de cet article, dont le but n’était absolument pas de vous dire « ne faites surtout pas de video sur Instagram ». Je souhaitais simplement vous alertez, ou juste vous informez sur ce qui se joue derrière. Pour que vous puissiez faire des choix en conscience, en accord avec vous-même. La video n’est pas un mauvais format, c’est efficace et parfois pertinent. Et si on se sert de la video pour faire passer les bons messages, c’est complètement ok. Je ne veux vraiment pas vous culpabiliser, juste vous éveiller à des sujets dont on parle peu, mais qui me semble important.

Portrait de Steffi

Je suis Steffi, designeuse web certifiée en numérique responsable. J’ai à coeur d’aider les entreprises à impact positif à trouver une clientèle en respectant leurs convictions. C’est pour cela que je propose des services autour de l’éco-conception web, pour un site web performant, esthétique et respectueux du monde.

Sinon, en bonne taureau, j’aime manger, faire des activités de mamie telles que la broderie ou le tricot et les chats.

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